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Le rire du dumpling

28 Jan
Dumplings.

(Photo: thepathtraveler / FreeDigitalPhotos.net)

Quand on les dépose sur la langue et qu’on appuie doucement les lèvres l’une contre l’autre, c’est là que ça se produit.  L’explosion de saveurs. La sauce piquante qui vient chatouiller les papilles sur les côtés de la langue, le bouillon qui emplit la bouche, la pâte qui résiste juste ce qu’il faut, les ingrédients qui se mélangent, tout en gardant chacun leur parfum unique.  J’ai humé, savouré, aspiré, croqué, mastiqué longuement, fermé les yeux,  soupiré de bonheur.

Maintenant, je suis debout devant la caisse et j’attends pour payer. À ma gauche, la cuisine. Un petit comptoir sur lequel j’ai regardé s’empiler les paniers débordants de dumplings encore fumants. Au-dessus, une étroite ouverture. Je ne vois que les mains des cuisinières s’affairer. Leurs visages sont cachés. J’observe des mains menues s’emparer d’une rondelle de pâte, l’étirer du bout des doigts, y déposer un peu de garniture, au centre, avec un bâton plat. Les mains replient la pâte. Elles en humidifient légèrement le pourtour, puis, à l’aide du bâton, referment le tout, en imprimant un motif de vagues sur le contour de la demi-lune ainsi formée.  Puis les mains reprennent une autre rondelle, un peu de garniture, et elles recommencent inlassablement les mêmes gestes, délicats et précis. Tout va tellement vite, et pourtant, à les regarder, le temps ralentit imperceptiblement.

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Une île

28 Août

C'est ainsi que j'imagine la petite Alice... (photo: Flickr.com)

Il y a une île qui m’attend, une île loin de moi, loin de nous, une île dont j’ignore presque tout, mais qui m’appelle, m’attire et m’intrigue.

Il ya déjà plusieurs mois, j’ai été complètement bouleversée par un documentaire sur le tsunami qui a frappé l’Asie en 2004.. Je vous en avais parlé. Je vous avais dit aussi que j’irais peut-être au Sri Lanka. Et que je penserais à la petite Juliette et à Elizabeth.

Je serai aussi habitée par le roman Retour à Brixton Beach, que j’ai terminé il y a déjà quelques jours, mais qui me colle encore à la peau, aux tripes, au coeur… Il y est question du Sri Lanka, mais aussi de la guerre, du pouvoir rédempteur de l’art, de l’exil, du désespoir… Pour m’accrocher encore un peu à ces personnages qui m’ont tellement touchée, j’ai voulu en savoir plus sur l’auteure.  Je n’ai pas été étonnée d’apprendre que Roma Tearne est également artiste visuelle. Sa sensibilité artistique, son attention aux détails visuels illuminent le roman et créent des images fortes et poignantes.

Je ne prétends pas connaître cette île, ni comprendre son histoire et encore moins sa réalité actuelle. Mais j’espère simplement être dorénavant plus réceptive, alors que j’ai déjà tant pleuré sur son sort et celui des siens.

Finalement, ce que je voulais vous dire c’est que si vous avez une chance de lire ce roman, faites-le.

Je pars bientôt.

India

5 Août

J’ai hâte.

India from Thom Coffey on Vimeo.

Perdue à Paris

14 Mai

Un petit film mignon comme tout qui me donne envie de me perdre dans Paris…

La boîte aux lettres

15 Jan

Ce matin, en rangeant les cartes de Noël, j’ai ouvert la mauvaise boîte de métal. Il y a celles qui contient les cartes de fête et de Noël, il y a celle des cartes postales, et il y en a une autre pour les lettres.  Oui, je conserve tout. Je ne peux me résigner à mettre à la poubelle des mots qui me sont destinés. C’est pareil pour les courriels. J’accorde trop d’importance aux mots pour les détruire.

Alors, ce matin, j’ouvre cette boîte par erreur. Il y a si longtemps que je n’y ai pas glissé une nouvelle lettre. Si longtemps qu’on ne m’a pas écrit une lettre à la main, sur du beau papier, avec des petits dessins griffonnés dans les marges. L’espace d’un instant, je regrette l’avènement du web, des courriels, des blogues et de Facebook.  Ça passe. Sur le dessus de la pile, une lettre de Mariela, une Cubaine de Holguin. La lettre est écrite en espagnol sur une petite feuille de papier très fin. Je peine à en comprendre tout le sens, mais je saisis que Mariela se rappelle nos conversations sur la plage. Qu’elle me considère comme une soeur. La lettre est datée du 17 février 1994. À la fin de mon bac, j’étais allée passer une semaine à Holguin, dans un tout inclus bon marché, avec ma colocataire.  Une journée, nous avions marché sur la plage jusqu’au village voisin. Des jeunes filles étaient venues nous parler. Elles nous avaient invitées chez elle et nous avaient montré à danser la salsa. J’imagine que Mariela est l’une d’elle. Mais je ne me souviens pas. Il y a 17 ans, une jeune Cubaine a pris le temps de m’écrire une gentille lettre, et j’ai oublié son visage. C’est triste. J’espère au moins que je lui ai répondu…

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Le sourire du moine

22 Août
Jeunes moines sur une route du Myanmar (photo: Paula Roy)

Jeunes moines sur une route du Myanmar (photo: Paula Roy)

Parfois, je fais un détour pour passer devant. Ce matin-là, j’avais un peu oublié son existence. Je marchais, la tête perdue dans ma liste d’épicerie, mon chariot à provisions couinant derrière moi. J’ai d’abord entendu les enfants jouant dans le parc en face. Puis, les chants m’ont tirée de mes préoccupations ménagères. J’ai ralenti le pas…

Sur cette rue résidentielle, coincé entre un triplex et un bloc d’appartements, se trouve un monastère bouddhiste.  Les minces bandes de gazon font place à une statue de Bouddha, une fontaine, des fleurs en plastique, et parfois un petit autel éphémère où brûlent quelques bâtons d’encens. Et cette vision aussi incongrue soit-elle m’apaise chaque fois.

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Emmenez-moi

24 Juin

Un soir de semaine à l’aéroport de Montréal.  Je reviens de Toronto. Autour du carrousel, les voyageurs attendent leurs bagages. Des hommes engoncés dans leur veston, des femmes perchées sur leurs talons hauts. Tous, la même posture, légèrement penchée vers l’avant. Serait-ce la vie qui pèse ainsi sur leurs frêles épaules. Les yeux rivés au sol. Non, je me trompe, c’est leur téléphone qu’ils regardent avec une telle intensité. Ils pitonnent frénétiquement,  répondent aux précieux courriels qu’ils ont manqués durant cette petite heure de vol comme si leur vie en dépendait. Mais il n’y a pas qu’eux. Autour du carrousel, des hommes, des femmes, des enfants attendent eux aussi leurs bagages. Je vois bien que nous ne venons pas du même endroit. Que nous ne vivons pas sur la même planète, même si nous vivons dans la même province. Je regarde le tableau au-dessus du carrousel. Des noms aux consonances exotiques y figurent. Kangiqsujuaq, Quaqtaq, Kangirsuk, Kuujjuaq…

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Le bout du monde en 4X4

28 Mar
Trek dans la vallée de la Gali Gandaki.

Trek dans la vallée de la Gali Gandaki

Je suis allée au Népal en 2001, juste après les attentats du 11 septembre.

J’ai marché dans la vallée de la Gali Gandaki, de Muktinath à Galaswor, là où s’arrêtait la route à l’époque. Pendant plus de deux semaines, nous avons partagé le sentier sinueux avec les Népalais, les ânes et les yacks. Nos pas ont foulé des marches sculptées à même le roc et polies par le temps, nos chevilles ont tremblé sur les gros cailloux jonchant le lit de la rivière. Nous avons sauté de pierre en pierre pour traverser des ruisseaux, nous sommes étourdis sur des ponts suspendus vertigineux.  Je me souviens aussi avoir croisé une « ambulance ». Un homme transportant sur son dos une chaise en osier dans laquelle était assis le malade.

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