Quand on les dépose sur la langue et qu’on appuie doucement les lèvres l’une contre l’autre, c’est là que ça se produit. L’explosion de saveurs. La sauce piquante qui vient chatouiller les papilles sur les côtés de la langue, le bouillon qui emplit la bouche, la pâte qui résiste juste ce qu’il faut, les ingrédients qui se mélangent, tout en gardant chacun leur parfum unique. J’ai humé, savouré, aspiré, croqué, mastiqué longuement, fermé les yeux, soupiré de bonheur.
Maintenant, je suis debout devant la caisse et j’attends pour payer. À ma gauche, la cuisine. Un petit comptoir sur lequel j’ai regardé s’empiler les paniers débordants de dumplings encore fumants. Au-dessus, une étroite ouverture. Je ne vois que les mains des cuisinières s’affairer. Leurs visages sont cachés. J’observe des mains menues s’emparer d’une rondelle de pâte, l’étirer du bout des doigts, y déposer un peu de garniture, au centre, avec un bâton plat. Les mains replient la pâte. Elles en humidifient légèrement le pourtour, puis, à l’aide du bâton, referment le tout, en imprimant un motif de vagues sur le contour de la demi-lune ainsi formée. Puis les mains reprennent une autre rondelle, un peu de garniture, et elles recommencent inlassablement les mêmes gestes, délicats et précis. Tout va tellement vite, et pourtant, à les regarder, le temps ralentit imperceptiblement.
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