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Ma douleur

17 Juil

« Afficher ses tatouages, c’est en quelque sorte afficher sa douleur. »
Robert Lepage (Le dragon bleu)

Cette phrase s’est imprimée dans ma tête, comme un tatouage, comme celui qui fait partie de moi depuis plus de 10 ans. Je l’oublie souvent. Je ne le vois que rarement. Je l’effleure parfois du bout des doigts, me rappelant soudain la présence de cette vieille blessure.

En lisant cela, j’ai d’abord résisté. Je ne me suis pas fait tatouer pour exprimer ma souffrance. Au contraire. Cela s’est fait dans la joie. Je me suis fait tatouer pour ne pas oublier. Ne pas oublier de rester fidèle à moi-même, dans toute la dualité qui m’habite, et que ce dessin représente. Cette dualité est mon essence. Mais elle est aussi source de douleur, il est vrai. Cette phrase me l’a cruellement rappelé.

Mais je ne vous offrirai pas ma douleur en spectacle.  Ce serait me montrer bien trop vulnérable. Vos regards indiscrets ne me voleront pas ce que j’ai de plus intime.  Je ne le supporterais pas.

Ma douleur m’appartient.  Je sais qu’elle est là, je sens sa présence, comme une légère pression au bas du dos. Je ne la renie pas, non, la renier serait une erreur. Elle me rattraperait tôt ou tard. Je la porte en moi. Sur moi. Simplement, chaque matin, je me fais face dans le miroir et je choisis de ne pas regarder en arrière.

Je tourne le dos à ma douleur et j’avance, droit devant, deux poissons enlacés ondulant au creux de mes reins.

Chanson d’été

13 Juil

La découverte musicale de la journée… Pour le rythme, pour sa voix, pour son énergie, pour les toits de Paris et pour Nad qui me trouvait trop intense dans mes derniers billets.

Et parce que comme le dit si bien André Ducharme, « on ne devrait jamais se poser de questions sur le sens de sa vie quand il fait au-dessus de 30° ».

 

Vivre à tue-tête

20 Jan

Mais vous, qu’est-ce qui vous fait pleurer? Et puisque nous sommes entre nous, qu’est-ce qui vous fait rire, danser, prier, descendre dans la rue, vivre à tue-tête?

Ce sont ces questions d’André Ducharme dans l’Actualité qui m’ont arrêtée dans ma lecture distraite, qui ont suspendu la cuillère dégoulinante de lait dans sa course, figé la main flattant le chat. Des mots qui me demandent ce qui me rend vivante.

Et je ne connais pas la réponse. Là, au déjeuner, écoutant d’une oreille distraite René Homier-Roy et sa bande, réfléchissant à la journée de boulot devant moi, tout en feuilletant une revue, mangeant mes céréales et flattant le chat, je ne sais pas.

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Ce qui nous fait

18 Jan

Qu’est-ce qui fait de nous ce que nous sommes? Qu’est-ce qui nous construit? Nous définit? Quelle trace restera-t-il de nous? De moi?

Bien sûr, il y a les études, le travail. On passe nos journées sur les bancs d’école, puis des heures et des heures au boulot. J’adore ce que je fais, j’en éprouve une grande fierté et c’est une partie très importante de ma vie. Mais j’ose croire que je ne suis pas que ça.

Je suis aussi la voyageuse curieuse, celle pour qui le bout du monde n’est jamais assez loin. Ma vie est ponctuée de voyages qui l’ont enrichie et transformée. Ils font partie de moi.

Ma famille, mes amis aussi. Les hommes que j’ai aimés. Les enfants que je n’ai pas eu. Tout cela me définit aussi, pour le meilleur et pour le pire.

Mes écrits, ils sont peu nombreux, mais j’aimerais croire qu’ils comptent dans l’équation. Mes photos aussi.

Les gens que j’ai aidés, ceux que j’ai blessés.

Mes éclats de rire. Mes larmes aussi.

Est-ce le regard des autres qui nous créent? Suis-je celle que je sais être, ou celle que les autres croient connaître?

Quand je ne serai plus là, il ne restera de moi que quelques images et quelques mots. Et vos souvenirs.

Mais maintenant, maintenant que je suis bien vivante, qu’est-ce qui fait de moi celle que je suis?

Et surtout, surtout, qui veux-je devenir?

« Life isn’t about finding yourself. Life is about creating yourself. » (George Bernard Shaw)

Life isn’t about finding yourself. Life is about creating yourself.

Je t’aime, mais après?

29 Août
Jeunes vietnamiennes riant.

(photo: Flickr)

Je t’aime beaucoup.

Avez-vous déjà entendu ces mots? Vous ont-ils transpercé comme une lame? Vous ont-ils fait plier un peu? Vous ont-ils écrasé? Parce que quand on dit « Je t’aime beaucoup », ont dit aussi souvent « Je ne t’aime pas ». « Je t’aime beaucoup, mais… restons amis ». « Je t’aime beaucoup, mais… je n’ai pas de papillons ». Mais je t’aime vraiment beaucoup.

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Un papillon sur le chemin

4 Avr

Depuis que j’écris ce blogue,  je suis plus sensible au moment présent, mais aussi à tous les écrits qui m’y ramènent. Deux ans déjà que je lis et relis, note et annote, murmure et fredonne ces mots qui me donnent à réfléchir. Ces mots qui me recentrent.

En ce dimanche pascal, je vous offre en partage cet extrait du magnifique roman de Carole Martinez, Le coeur cousu. Un bijou que je vous encourage à lire, pour vous y abandonner avec volupté.

Il arrive qu’on interrompe une promenade, oubliant même ce vers quoi l’on marchait, pour s’arrêter sur le bord de la route et se laisser absorber totalement par un détail. Un grain du paysage, une tache sur la page. Un rien accroche notre regard et nous disperse soudain aux quatre vents, nous brise avant de nous reconstruire peu à peu.  Alors la promenade se poursuit, le temps reprend son cours. Mais quelque chose est arrivé. Un papillon nous ébranle, nous fait chanceler, puis il repart. Peut-être emporte-t-il dans son vol une infime partie de nous, notre long regard posé sur ses ailes déployées. Alors, à la fois plus lourds et plus légers, nous reprenons notre chemin.

Tout est dit. Il y a des jours où je me demande pourquoi j’écris.

Le mal de l’ailleurs

5 Avr

J’ai le mal de l’ailleurs.  Envie de m’envoler, de partir à la découverte d’un autre monde, de marcher toute la journée les yeux grands ouverts. Je souffre du mal de l’ailleurs comme d’autres souffrent du mal du pays. Ça me prend aux tripes, soudainement. Ça fait mal. Physiquement, mal. Un vide dans le ventre qui aspire tout. Le cœur qui bat vite, des fourmis dans les jambes, mal à la tête. J’ai soif.

L’idée m’obsède depuis quelques jours, je ne pense plus qu’à ça, le prochain voyage. Et pourtant, il risque de ne pas être avant un an, peut-être deux. Je dois me raisonner.

J’ai essayé de calmer ce besoin pressant d’ailleurs en me plongeant dans le livre La frousse autour du monde de Bruno Blanchet. Dans son dernier billet, il écrit :

« L’aventure est une porte qui s’ouvre par en-dedans.Le reste dépend de vous. Ça peut se passer à Bombay, à Brossard ou dans la prison de Tanguay. L’aventure débute avec la fin de la peur : de la peur de rire quand on doit se taire; de la peur de fuir quand on doit plaire; de la peur d’être nu, ridicule et vulnérable, mort; de la peur de se tromper; de la peur d’échouer. »

J’essaie de me concentrer sur mes peurs. Si je dois y mettre fin pour vivre l’aventure tous les jours, alors aussi bien les identifier dès que possible. Quelles sont ces peurs qui se terrent au fond de moi?

Et vous, qu’est-ce qui vous fait peur? Qu’est-ce qui vous empêche de vivre?

Et, Bruno, si l’aventure est dans la tête, pourquoi est-il toujours ailleurs?

Moi, j’ai peur de passer à côté de ma vie.

Ici. Maintenant.

2 Déc
www.photos-libres.fr)
Le temps d’une goutte d’eau (photo: http://www.photo-libre.fr)

Je croyais être guérie. Être revenue totalement et entièrement. Avoir réintégré ma vie, mon corps, avoir étanché ma soif d’absolu. Jusqu’au prochain voyage.

Mais ce matin, j’ai reçu un courriel d’un voyageur rencontré en Indonésie. Il est encore à Bali, et nous parle du vert des rizières, du bruit des grillons et de la musique du gamelan. Je le lis et je revois les sourires et la chaleur paisible des Indonésiens. Je goûte les plats épicés, je nage dans la mer en admirant les coraux, je retiens mon souffle sur les routes tortueuses.

Il m’a ramenée là-bas avec lui. Maintenant, il continue sa route en Inde et au Népal. Moi, je reste ici. Et je refais le deuil. Encore une fois.

Puis, je lis cet extrait d’entrevue avec Bruno Blanchet sur le blogue de Marie-Julie, et je me raisonne. « Si t’es pas allé en Inde, t’es juste pas allé en Inde ».

Je suis juste pas allée en Inde. Pas encore. Ça viendra.

Mon ami a raison. Il est bon de vivre.

Ici. Maintenant.

Je m’accroche.