« Afficher ses tatouages, c’est en quelque sorte afficher sa douleur. »
Robert Lepage (Le dragon bleu)
Cette phrase s’est imprimée dans ma tête, comme un tatouage, comme celui qui fait partie de moi depuis plus de 10 ans. Je l’oublie souvent. Je ne le vois que rarement. Je l’effleure parfois du bout des doigts, me rappelant soudain la présence de cette vieille blessure.
En lisant cela, j’ai d’abord résisté. Je ne me suis pas fait tatouer pour exprimer ma souffrance. Au contraire. Cela s’est fait dans la joie. Je me suis fait tatouer pour ne pas oublier. Ne pas oublier de rester fidèle à moi-même, dans toute la dualité qui m’habite, et que ce dessin représente. Cette dualité est mon essence. Mais elle est aussi source de douleur, il est vrai. Cette phrase me l’a cruellement rappelé.
Mais je ne vous offrirai pas ma douleur en spectacle. Ce serait me montrer bien trop vulnérable. Vos regards indiscrets ne me voleront pas ce que j’ai de plus intime. Je ne le supporterais pas.
Ma douleur m’appartient. Je sais qu’elle est là, je sens sa présence, comme une légère pression au bas du dos. Je ne la renie pas, non, la renier serait une erreur. Elle me rattraperait tôt ou tard. Je la porte en moi. Sur moi. Simplement, chaque matin, je me fais face dans le miroir et je choisis de ne pas regarder en arrière.
Je tourne le dos à ma douleur et j’avance, droit devant, deux poissons enlacés ondulant au creux de mes reins.
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