Il avait 12 ans. Peut-être 14. Pas plus. Il traversait la rue en zigzaguant, son manteau trop grand flottant autour de son corps trop maigre. Des boucles rousses tombaient devant ses yeux. Il s’est avancé vers nous, la main tendue. A bifurqué vers d’autres passants. Mon ami a fouillé dans sa poche, s’est approché de lui. « T’as pas fait ça, man? T’as pas fait ça? » Il a dit ça en bafouillant. S’est enfui avec son maigre butin. S’est enfoncé dans une ruelle.
J’ai repensé au rouquin depuis. Parfois, il s’infiltre dans ma tête, jusqu’à ce que sa silhouette s’évanouisse dans la pénombre d’une rue crade.
Puis, ce sont des souvenirs qui ressurgissent. Plus anciens. Plus douloureux.
C’était en novembre. C’était il y a treize ans. La petite Julie avait disparu. Ce soir-là, elle est partie de la maison de jeunes où travaillait mon amie et elle n’est jamais rentrée chez elle. Personne n’a cru à une fugue. Pas la petite Julie. Pas cette jolie fille débordante de vie. Pas cette amoureuse emplie de gaieté. Pas elle.
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