Archive | juillet, 2010

Les mauvaises herbes

15 Juil

Fleurs des champs.

(photo: coolgrafik.com)

Chez moi, entre le trottoir et la rue, poussent toutes sortent de choses. Des tas de déchets le week-end, oui, mais aussi des herbes de toutes sortes, surtout des mauvaises. Et vous connaissez l’expression « Ça pousse comme de la mauvaise herbe »… C’est que ça grandit vite, ces petites bêtes-là. Et cela créé un fouillis incroyable, c’est vrai. Mais j’aime ce fouillis. La nature qui reprend ses droits entre le béton, je trouve que cela a un certain charme. Ma voisine ne partage pas cet avis, et a arraché devant chez elle toutes les mauvaises herbes, c’est-à-dire tout ce qui pousse. Je comprends, je fais pareil dans mes plates-bandes. Des mauvaises herbes, ça ne fait pas propre. Je sais. Mais celles-là, je m’y suis attachée. Elles ont du caractère. Elles sont rebelles, chaotiques, incontrôlables, libres. Devant chez ma voisine, donc, il n’y a plus qu’un ruban de terre. Impeccable, certes. Mais sans vie. Nous jasons sur le trottoir. Elle se demande quoi planter.

– C’est joli, ce qu’a fait le voisin.

– Le mélange de gazon et de trèfle?

– Oui, je suppose que c’est de ça qu’il s’agit.

– C’était joli, tu veux dire. Maintenant, c’est envahi par les mauvaises herbes.

– Ah, je n’ai pas remarqué.

Je me suis retrouvée devant chez lui ce soir. J’ai souri. Les mauvaises herbes ont fleuri. Car oui, les mauvaises herbes décriées par ma voisine sont en fait des fleurs des champs. Blanches, jaunes, rouges. Aériennes, elles s’élancent au-dessus du gazon et du trèfle et ondulent légèrement dans la brise. Le petit canard boiteux s’est transformé en cygne.

Et je me dis qu’à trop rechercher la perfection, on passe à côté de ça. De la beauté qui émerge du chaos.

Je m’arrête devant la forêt de mauvaises herbes en face de chez moi. Bon d’accord, j’admets que c’est exagéré. Mais j’ai envie de les laisser croître encore un peu. Juste pour voir. On ne sait jamais. Il pourrait y pousser de la beauté.

Et quelle délicieuse excuse pour la paresse que la recherche de la beauté.